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Un décès évitable ! 

Il y a un mois, des habitants du gouvernorat de Gafsa ont observé un rassemblement au centre-ville, avant d’entamer une marche pacifique vers le siège du gouvernorat.

Les protestataires ont scandé des slogans appelant à la nécessité d’accélérer la construction d’un hôpital universitaire pour améliorer la prise en charge sanitaire dans la région. Mais depuis, la situation sanitaire n’a pas changé. Elle s’est plutôt davantage dégradée.

Il y a deux jours, une femme enceinte avec une grossesse à terme a été emmenée par son mari à l’hôpital régional d’Essnad, dans le gouvernorat de Gafsa. Elle ne présentait, selon les propos de son conjoint, aucun signe de complications et n’était pas souffrante au moment de l’admission. La nuit, suite à des complications,  elle fut transférée à l’hôpital régional de Gafsa. Il semblerait qu’il n’y avait pas de médecins spécialisés disponibles pour l’examiner. La décision est prise de la transférer à Sidi Bouzid. Mais elle décède en route dans l’ambulance. Elle laisse trois enfants en bas âge. Négligence ou défaillance? Peu importe les qualificatifs, ce décès en couches qui a emporté la femme et le bébé est un affront à la dignité des femmes. Cela se passe en Tunisie en 2020 où des femmes meurent encore sans raison, dans des conditions épouvantables, lorsqu’elles sont enceintes ou en train d’accoucher. Mais là où le bât blesse, c’est que ces décès surviennent pratiquement dans les régions et pour les mêmes causes : incapacité de détecter les grossesses à risques de façon prématurée, accès difficile aux soins de base, manque de ressources financières  pour les femmes ayant besoin de soins obstétriques d’urgence. En effet, la plupart des décès maternels en Tunisie pourraient être évités. Car la grande majorité des femmes qui ont perdu la vie en raison de complications ou de maladies auraient pu survivre si des soins prénatals et obstétricaux appropriés leur étaient prodigués en temps opportun. C’est un droit fondamental de la personne que d’agir en faveur d’une maternité sans risques en procédant à des réformes sanitaires, juridiques et sociales et en consentant les investissements nécessaires afin  de garantir à toutes les filles et femmes l’accès aux soins et une maternité sans risques.

Il n’est plus acceptable que les personnes démunies paient le plus lourd tribut à la négligence actuelle de notre système de santé. Ce n’est pas la faute du médecin, c’est la défaillance du système qui vit un effondrement total. Et cela, c’est une responsabilité politique qui doit être assumée au plus haut niveau.

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